Ailleurs dans le monde

Pratique-t-on la simplicité volontaire ailleurs qu’au Québec? Oui, bien évidemment. Et sans doute de manière bien plus répandue qu’on ne peut le mesurer, tout comme ici. Car bien des gens vivent simplement, de manière plus ou moins choisie ou consciente selon le cas, sans pour autant se référer à la notion de simplicité volontaire et encore moins être membre d’une organisation de simplicité volontaire. Posons donc la question autrement : existe-t-il ailleurs des mouvements ou des organisations qui font la promotion de la simplicité volontaire? La réponse est plus difficile, dépend des pays… et de ce qu’on appelle la simplicité volontaire!

Au Canada anglais

Un nom ressort nettement au Canada anglais, comme promoteur et vulgarisateur de la simplicité volontaire : Mark A. Burch. Il enseigne la simplicité volontaire au niveau universitaire à Winnipeg (sans doute l’un des seuls cours semblables dans le monde) depuis plus de dix ans et il a mis sur pied, en 2005, le Simplicity Practice And Resource Centre (SPARC) qui en fait la promotion et organise divers types de sessions sur la simplicité volontaire.

Deux ouvrages de Mark Burch ont été traduits en français :

  • La voie de la simplicité, pour soi et la planète (Stepping Lightly, Simplicity for people and the planet), Montréal, Éditions Écosociété, 2003, 237p.
  • Guide de discussions sur la simplicité volontaire (traduction maison non définitive autorisée par l’auteur) que l’on pourra consulter ici.

Ailleurs au Canada, diverses personnes s’intéressent au sujet et mènent des initiatives plus personnelles. Parmi celles-ci, citons Bruce Elkin, de Colombie Britannique, qui même s’il travaille professionnellement dans une perspective de « coaching personnel pour une vie réussie » s’intéresse de près à tout ce qui simplifie la vie et la recentre vers les valeurs essentielles et est un membre actif du Simplicity Forum.

Aux États-Unis

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Le créateur de l’expression simplicité volontaire, Richard Gregg, était Américain même s’il était un disciple de Gandhi et vivait en Inde quand il a écrit son texte fondateur en 1936. Puis, à la fin des années 70 avec Duane Elgin, le regain d’intérêt pour la simplicité volontaire est vraiment parti des États-Unis. Terre d’origine de la simplicité volontaire, les États-Unis comptent un très grand nombre d’organisations, d’auteurs et de publications qui pourraient se rattacher, d’une manière ou d’une autre, au courant de la simplicité volontaire. Mentionnons entre autres Vicki Robin (Votre vie ou votre argent? et la New Road Map Foundation), Cecile Andrews et ses Simplicity Circles, John De Graaf (Affluenza, Take Back Your Time Day), le Center for a New American Dream, Simple Living America, le North West Earth Institute, etc.

On remarquera, en passant, que l’expression simplicité volontaire n’est que l’une des expressions utilisées, et même pas la plus importante : on parlera plutôt de « simple living » ou encore de « simple life« . À partir de ces initiatives à la fois nombreuses et diverses (films, livres, conférences, articles, recherches académiques, organisations nationales, régionales ou locales, etc.), un groupe de leaders américains de la simplicité volontaire, dont Vicki Robin, tentent de forger une alliance nationale qui pourrait développer une voix commune et donner une visibilité publique et politique plus grande au mouvement : c’est le Simplicity Forum, lancé en 2001 et qui tient un congrès annuel depuis ce temps. Chacun des groupes et initiatives a généralement son propre site Web, mais mentionnons un site qui s’est donné comme mission de regrouper un très grand nombre de ressources américaines sur la simplicité volontaire : The Simple Living Network.

Un grand nombre d’auteurs ont écrit sur le sujet, ont développé des initiatives ou des groupes spécialisés, la plupart du temps dans une région particulière du pays, ont donné des conférences ou des entrevues aux médias. De plus, un grand nombre d’initiatives (parfois au niveau national) qui ne portent pas spécifiquement ou uniquement sur la simplicité volontaire ont quand même des liens étroits avec le courant américain du « simple living ».

Pour avoir une meilleure idée du mouvement de la simplicité volontaire aux États-Unis, on peut consulter le Rapport sommaire de la 4e Conférence annuelle du Simplicity Forum, tenue à Winston Salem (Caroline du Nord) du 5 au 8 août 2004, rédigé par Dominique Boisvert.

En Europe

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Du côté européen, la situation est plus nébuleuse, car l’expression simplicité volontaire est généralement peu utilisée, sauf parfois dans les pays de langue française. En effet, dans la plupart des autres pays, le terme utilisé (quand il y en a un qui a fini par s’imposer dans le langage courant, comme c’est le cas en Hollande avec consuminderen) n’est souvent pas une traduction de l’expression simplicité volontaire. Le terme hollandais, par exemple, signifie approximativement consommer moins. De même en Italie, l’un des mouvements importants qui pourrait se rattacher à l’esprit de la simplicité volontaire est le mouvement  slow food, ou slow citta, ce qui fait évidemment référence à l’idée de ralentissement, même s’il s’agit d’un effort de retour aux valeurs essentielles.

La plupart des pays européens ne semblent pas avoir vraiment de mouvement ou d’organisation vouée à la simplicité volontaire ou à son équivalent. On peut avoir une certaine idée de la situation dans plusieurs pays d’Europe (Angleterre, Espagne, Suisse, Belgique, Allemagne, Grèce, Danemark, Suède et certains des nouveaux pays de l’Est) grâce à une série d’articles publiés depuis quelques années, dans le magazine hollandais Genoeg (qui signifie Assez!). Bien que les articles soient en hollandais, ils sont souvent accompagnés de références à des sites Web dont certains sont en partie en anglais.

En France

La France connaît certains embryons pour le moment encore assez isolés de groupes intéressés à pratiquer et à promouvoir la simplicité volontaire dont certains semblent d’ailleurs être nés suite à des contacts avec le RQSV par le biais de notre site Web.

Le Grand Don | Don collectif effectué par des inconnus à d’autres inconnus! Les donneurs, avertis à l’avance, réunissent des objets qu’ils souhaitent offrir (livres, disques, vêtements, bibelots, bijoux, jeux, divers…), avec pour seule condition qu’ils puissent être transportés sans encombre par des personnes circulant à pied.

Association Tout simplement | Une démarche active pour ceux qui pensent que le mode de consommation actuelle détruit la planète et supprime toute solidarité.

Action Consommation | Association créée en octobre 2001 par des citoyens et membres d’organisations françaises de résistance à la mondialisation néolibérale, de solidarité et de respect de l’environnement, pour promouvoir la consommation responsable comme levier économique, levier politique et facteur de transformation, individuelle et collective.

Groupe de discussion La Simplicité Volontaire sur Yahoo France

Forum La Simplicité Volontaire | Échanger sur la simplicité volontaire : réflexions, expériences

Par contre, ce qui ressemble beaucoup plus à un mouvement proche de la simplicité volontaire en France, c’est celui de la décroissance. En effet, si l’expression simplicité volontaire est bel et bien utilisée en France, elle est généralement associée aux changements personnels et individuels alors que la décroissance y est associée aux nécessaires changements collectifs. Et le mouvement pour la décroissance y est beaucoup plus connu et organisé, entre autres autour de l’Institut d’études économiques et sociales pour la décroissance soutenable, du journal bimestriel La décroissance publié par l’Association Casseurs de pub. On y parle de plus en plus des objecteurs de croissance. Mentionnons également que d’autres groupes ou publications tirent d’ailleurs dans le même sens, dont la revue Silence.

En Belgique

La Belgique francophone a aussi connu, ces dernières années, des efforts d’organisation d’équipes de simplicité volontaire, en particulier autour des Amis de la Terre. Là aussi, on y lie étroitement simplicité volontaire et décroissance.

Les Amis de la Terre | Pour modifier nos comportements vers un meilleur respect des humains, de la Terre et de la vie en général, différentes options sont proposées par les mouvements citoyens. Parmi celles-ci, l’option de la simplicité volontaire nous invite à réduire les consommations matérielles et à développer des activités à haute valeur humaine de façon à moins peser sur notre l’écosystème, à préserver les ressources naturelles de la planète et à se réapproprier du temps pour une vie plus harmonieuse.

En Suisse

En Suisse francophone, même si Pierre Pradervand a publié, depuis déjà 1996, plusieurs excellents livres sur la simplicité volontaire et ses principaux aspects, et si les Éditions Jouvence ont également publié quelques autres auteurs sur le sujet, il semble bien que cela n’ait jamais entraîné ou pris la forme d’équipes, d’organisations ou de mouvement en faveur de la simplicité volontaire. Pierre Pradervand donne chaque année de nombreux ateliers regroupés sous le thème générique de Vivre autrement , mais les transformations individuelles se canalisent ailleurs que dans la simplicité volontaire comme telle.

En Hollande

La Hollande, comme vous l’avez peut-être maintenant deviné, est l’un des rares pays européens qui peut se targuer d’avoir un mouvement suffisamment ancien et organisé. En effet, celui-ci date de plus d’une dizaine d’années et s’articule autour de la Fondation Simplicity with Style qui a, entre autres, donné naissance à un magazine grand public publié tous les deux mois à environ 10 000 exemplaires : Genoeg, the non glossy lifestyle magazine. Jeanine Shreurs, principale animatrice du mouvement et directrice de Genoeg, a participé à plusieurs reprises au congrès annuel du Simplicity Forum aux États-Unis et espère pouvoir organiser dans les prochaines années, une première rencontre européenne sur la simplicité volontaire.

En Espagne

Carlos Fresneda a publié La vida simple et il existait, il a quelques années, une liste de discussion sur la simplicité volontaire.

En Allemagne

Du côté de l’Allemagne, plusieurs livres ont été publiés sur le sujet par divers auteurs et certains ont connu un grand succès de librairie (l’un d’entre eux a été traduit en français : Simplifiez-vous la vie, Votre maison, votre bureau, votre argent, votre temps de Werner Tiki Küstenmacher et Lothar Seiwert). Mais comme en Espagne, la plupart des organisations proches de la simplicité volontaire portent plutôt sur des thèmes connexes (consommation responsable, agriculture biologique, etc.).

Bref, la simplicité volontaire est à beaucoup d’endroits en germe, ne porte souvent pas ce nom-là, n’est pas très souvent organisée en mouvement, mais continue de faire peu à peu son chemin.

Texte inspiré de l’article Petit tour du monde de la simplicité volontaire publié par Dominique Boisvert dans le bulletin Simpli-Cité « Sommes-nous seul(e)s sur la planète simplicité volontaire? » : Vol. 7, No. 4, Hiver 2007